Le plug

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il y a 4 ans

Encore une de ces soirées où je rentre tard. Très tard. Trop tard pour Julie, qui a dîné sans moi. D’après la lumière qui filtre sous la porte de notre chambre à coucher, elle est déjà au lit. Je soupire. Entre ses horaires et les miens, nous ne faisons que nous croiser, en cette fin d’année. Ce qui est dommage, pour un couple qui essaie de concevoir un bébé. J’enlève mes chaussures, pose mon manteau sur le fauteuil et me dirige vers la cuisine.

– Antoine, c’est toi ?

– Non, c’est un cambrioleur, madame. Ne vous dérangez pas, je ne fais que piquer votre écran plat.

– Il reste du gratin dans la cuisine.

Je renifle le plat posé sur le plan de travail. Ce qu’elle appelle gratin, ça semble être tout bonnement du chou-fleur fourbement dissimulé sous de l’emmental grillé. Je me détourne en plissant le nez et préfère prendre un bout de baguette. J’ouvre le frigo, attr a p e de la rosette sous cellophane et la colle tant bien que mal dans le pain. Je mâche déjà quand je pousse la porte de la chambre.

– Tu te nourris comme un a d o l e s c e n t .

– Ça ne m’empêche pas d’avoir un corps d’Apollon.

– Mais une haleine au saucisson. Tu me laveras tes dents, avant de venir m’embrasser.

C’est à peine si elle a levé les yeux du manuscrit qu’elle est en train de corriger. Depuis qu’elle a eu une promotion dans sa maison d’édition, elle travaille même au lit. Cela ne me dérange pas. Je sais que c’est une manière, pour elle, de se concentrer sur autre chose que sur son utérus qui refuse obstinément de donner la vie, après dix mois d’essais infructueux. Je me contente de l’observer, absorbée par sa lecture. Elle a chaussé ses lunettes, qu’elle ne met pas dans la rue, par coquetterie, mais qui lui sont indispensables pour lire. Elle porte une nuisette à fines bretelles, avec un peu de dentelle. Je me promets intérieurement de faire glisser ces liens le long de ses épaules rondes, une fois que j’aurai fini mon sandwich. Des mèches folles effleurent ses joues. Si elle savait combien elle est belle, ainsi, naturelle, assise en tailleur comme une étudiante qui révise ses cours. Je ne me lasserai sans doute jamais de la contempler. Mon regard suit les courbes, avant d’être attiré par un objet noir posé sur l’édredon blanc. Un plug anal, décoré d’un brillant. Je lui indique d’un coup de menton.

– Tu m’expliques ?

Ses yeux quittent enfin les pages de son manuscrit pour voir à quoi je fais allusion. Ses joues s’empourprent légèrement.

– Hum, oui. Faut qu’on parle.

Elle pose lentement ses feuilles sur la table de nuit. Je la connais suffisamment pour savoir qu’elle prend son temps pour choisir précautionneusement ses mots.

– J’ai pensé qu’on pouvait mettre un peu de fantaisie dans nos rapports, tester de nouveaux trucs. Je trouve que… ce projet de bébé prend beaucoup de place dans notre sexualité. Et bientôt, ça sera pire… Si on commence à songer à une fécondation in-vitro, comme l’a suggéré mon gynéco ce midi.

J’engloutis la fin de mon sandwich et l’invite d’un geste à poursuivre. Elle glisse machinalement une mèche derrière son oreille, fuyant mon regard.

– Je n’en peux plus, Antoine. De calculer mes cycles. D’observer ma glaire. De faire l’amour à heure fixe, en choisissant les jours, dans l’espoir que cette fois sera la bonne. Et que ça ne soit jamais la bonne.

Je ne sais pas quoi répondre. Je ressens la même chose, même si moi, je n’étudie pas mes sécrétions vaginales. Je la sens fragile. J’ai peur qu’un mot malheureux de moi ne la brise encore plus. Je déglutis et je fais un pas vers elle.

– Tu crois que si on te colle un bouchon bien hermétique, ça marchera mieux ?

Elle me regarde, atterrée.

– C’est pas un bouchon, c’est…

Je lève la main pour l’interrompre et souris.

– Je sais. Je sais ce que c’est. Je sais ce que tu essaies de me dire. Ce que je ne sais pas, c’est quoi te répondre.

Elle secoue la tête, gênée.

– J’en ai marre de baiser utile. Je veux baiser futile. Je veux que ce soit récréatif. Je veux que, pour une fois, je pense à mon orgasme et au tien, et pas me dire que je dois mettre les pieds en l’air après pour favoriser une quelconque fécondation. Voire ne penser à rien du tout.

Elle baisse les yeux.

– Pour être honnête… Je suis à deux doigts de ne plus avoir envie de sexe. Tout court.

Je regarde Julie sans un mot pendant quelques secondes. Elle est vulnérable, je déteste ça. Il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ? Agacé par mon sentiment d’impuissance, je quitte la pièce pour aller dans la salle de bain attenante. Elle a envie de se sentir à nouveau femelle ? Ça me va. Je dis pas non à me sentir mâle. Rapidement, je me brosse les dents et manque d’avaler mon bain de bouche quand ma femme entre en trombe dans la salle de bain.

– Tu te fous de moi ? Tu fuis la conversation, alors que j’ai besoin de toi ?

Je crache le bain de bouche dans le lavabo et regarde son reflet dans le miroir.

– Justement.

Mon ton calme désamorce instantanément sa colère. Elle ferme la bouche, croise les bras et soulève un sourcil. Je hausse les épaules.

– Je suis d’accord, Julie. Sur tout ce que tu viens de dire. Je comprends ce que tu ressens. J’ai le même sentiment. Ça me pèse. J’ai l’impression d’être un étalon qu’on amène à la saillie à chaque fois que ton application sonne parce que c’est le jour idéal pour concevoir.

Nous nous fixons une minute ou deux, en nous demandant quoi faire, maintenant que nous avons avoué aussi bien l’un que l’autre trouver nos rapports insatisfaisants. Puis, d’un geste lent, je desserre ma cravate, sans la quitter des yeux.

– Donc, là, je crois que la meilleure des choses à faire, c’est de te baiser.

– Hein ?

Je fais coulisser le lien jusqu’à dénouer les deux pans.

– Et crois-moi : aucune des pratiques que j’ai en tête ne te permettrait, sauf intervention divine, de donner naissance à un e n f a n t .

Elle me regarde, interdite.

– Tu déconnes ?

– À ton avis ?

Elle recule, machinalement. Je vois les rouages s’activer dans sa petite tête sérieuse. Avec moi, elle ne sait jamais si c’est du lard ou du cochon. Finalement, elle semble choisir la version cochonne. Un sourire s’épanouit lentement sur son visage, avant qu’elle ne glousse en secouant la tête.

– Tu es dingue…

Je lui retourne mon expression la plus carnassière.

– Ça te fait rire ? Tu ne devrais pas. Tu vas prendre cher.

Elle est sexy, mutine, à se mordiller la lèvre, à me couler un regard un peu inquiet. Elle hésite sur l’attitude à adopter. J’ai l’impression de retrouver celle que j’ai séduite avec mon humour à deux balles, dans un bar, voilà sept ans, et qui se tâtait à me suivre chez moi. Je me retourne et m’approche d’elle. Elle recule encore un peu, avant de buter contre le mur. Je pose une main de chaque côté de sa tête.

– Tu es d’accord ? Pas de bébé, ce soir… Juste ton petit cul de salope.

Après une dernière seconde d’hésitation, elle hoche la tête et se met sur la pointe des pieds pour m’embrasser. C’est le feu vert que j’attendais. Je sais qu’elle me laissera la manipuler comme une poupée, qu’elle me fera confiance pour l’utiliser comme il me plaira, pour notre plus grand plaisir à tous les deux. Comme nous le faisions, avant que cette histoire d’e n f a n t ne prenne plus de place. Quand nous alternions l’amour et la baise, la tendresse et la b r u t a l i t é . Et je suis immédiatement excité, à l’idée de reprendre mon rôle de mec un peu dominant, un peu directif. Je plaque mon corps contre le sien, dévorant sa bouche, volant son souffle, alors que ma main droite se perd dans ses cheveux. Je tire légèrement, l’obligeant à se décoller de mes lèvres et à me tendre sa gorge. Ma bouche s’égare sur sa mâchoire, mes dents croquent son lobe, ma langue parcourt sa jugulaire, avant que je ne morde carrément sa nuque. Elle frissonne mais ne dit pas un mot. Je m’écarte d’elle.

– Enlève ta nuisette.

D’un geste souple, elle obtempère et se retrouve nue devant moi. Je tends la main pour

soupeser un sein, en suivre le contour avec la pulpe de mes doigts. Le téton se dresse aussitôt, arrogant. Je me penche pour l’embrasser, le mordiller, avant de lécher le deuxième, de l’étirer, de le malmener.

– Retourne-toi.

Lentement, elle tourne sur elle-même, m’offrant la vue de son postérieur rond et blanc. J’enlève ma cravate et passe la soie sur son dos, sur ses fesses. Je prends garde à ne surtout pas toucher son sexe. J’ai envie de faire l’amour à tout le reste de son corps, à tout ce qui a été un peu délaissé ces derniers mois. Je prends ses bras et les ramène derrière elle, coude contre coude. Rapidement, je noue la cravate autour. Elle se cambre et ses seins paraissent plus ronds. J’ouvre la porte et la guide vers la chambre. Le rosebud est toujours sur le lit. Je l’attr a p e , le soupèse. Il est froid au creux de ma main gauche.

– Donc, tu voulais tester ce truc, hein.

Elle sourit et rosit un peu.

J’approche le plug de son visage, en caresse l’ovale avec. Elle reste immobile, les yeux plongés dans les miens, jusqu’à ce que je l’approche de ses lèvres et attende. Elle comprend aussitôt et le prend dans sa bouche, pour le réchauffer un peu, mimant de prendre du plaisir à le sucer, et c’est comme s’il y avait une connexion directe avec ma queue. J’ai le souffle court quand elle le relâche enfin, laissant un maximum de salive dessus. Puis, de son propre chef, Julie grimpe sur le lit, les jambes écartées, et se penche en avant, jusqu’à ce que sa joue repose sur l’édredon. Je me positionne derrière elle, caresse ses fesses de ma main libre. Mes doigts s’égarent le long de sa fente, sans y pénétrer.

Ils remontent et caressent le petit œillet sombre, avant de se diriger à nouveau vers son sexe. Julie écarte un peu plus les jambes, remue les fesses. Cela me fait sourire, de la voir s’impatienter, devenir chienne. Deux de mes doigts s’enfoncent brutalement en elle, cherchent son point G, s’excitent dessus. Elle ne s’y attendait pas et a un soubresaut. À peine se détend-elle que je les extrais de son corps. Mon pouce recommence à caresser son anus, avant que mes doigts ne replongent en elle. Je les ressors, badigeonne son orifice avec son miel. Le coup suivant, le pouce entre en même temps dans son cul que l’index et le majeur dans sa chatte. Elle gémit alors que j’accélère le mouvement. Quand je juge que les muscles sont détendus autour de mon pouce, je pose le plug à l’entrée de son cul, et, doucement, je l’y enfonce. Je vois l’œillet s’ouvrir lentement et engloutir la poire de métal chirurgical, avant de se refermer sur la petite tige précédant la partie décorative. Je déglutis.

– Alors ? C’est comment ?

– Froid. Étrange. Agréable.

Ses mots sont saccadés. Je manipule un peu le rosebud en elle. Le sors un peu, pour le ré-enfoncer. Elle agite à nouveau ses fesses, pour venir à la rencontre de mes mouvements, frotte ses globes charnus contre mon bas-ventre. Je m’écarte et défais ma ceinture. Je ne peux m’empêcher de plier l’accessoire de cuir en deux, pour claquer chacune de ses fesses avec. Julie sursaute, surprise plus qu’autre chose, et j’adore voir son cul frémir autour du brillant.

– Encore ?

Elle marque un temps d’arrêt. Je prends son hésitation pour un oui timide et lui colle à nouveau une petite tape à droite, une petite à gauche. Elle ne bronche pas, savoure. Mais, quand elle entend que la ceinture tombe à terre et que j’enlève mon pantalon, elle se redresse et vient se placer devant mon érection. J’ai à peine le temps de sortir ma queue qu’elle l’engloutit, yeux fermés et lèvres serrées. Je renverse la tête, tout à mes sensations, sentant sa langue virevolter autour de mon gland, ses joues aspirer, alors qu’elle gémit et me bouffe comme si rien d’autre n’avait d’importance. Mes mains dégagent ses cheveux de son visage, pour que je puisse la regarder, concentrée sur sa tâche, sur mon plaisir, sur le sien, les bras toujours dans le dos. Je la libère et masse ses bras, penché sur son dos alors qu’elle me tient toujours dans sa bouche.

– Retourne-toi.

Elle se replace dos à moi, à quatre pattes sur le lit, me présentant sa croupe, haletante. Mes doigts retournent vers son antre, poisseux de désir. Je la crochète quelques minutes et approche ma langue, pour honorer ses lèvres lisses. Je la bouffe, avec, sous les yeux, le brillant. Ma bouche dévore son intimité, ma langue parcourt le contour de son anus, s’enfonce dans sa chatte, pointe vers son clitoris. Mes doigts, mon nez, ma bouche, je suis partout en elle, guettant la moindre de ses réactions, le plus petit de ses gémissements. Je suis aussi excité qu’elle par le traitement que je lui fais subir et finis par me redresser, pour défaire ma chemise.

Le dernier bouton n’est pas encore ôté que je la pénètre déjà, d’un coup, profondément, sentant au passage le plug la remplir de l’autre côté et la rendre un peu plus étroite qu’elle ne l’est habituellement. Cette légère pression sur la base de ma queue achève de me faire perdre toute réserve. Elle crie. J’accélère. Les doigts agrippés dans la chair de ses hanches, je la baise fort, la saccageant, la défonçant, sans quitter des yeux le brillant, qui m’hypnotise. Ce truc est un appel à la sodomie. Il attire mon regard, je sais qu’il prépare son cul à me recevoir. Ma douce, ma tendre porte actuellement un ornement de cul, un truc aperçu dans les films pornographiques, et putain que c’est bon. Écoutant mon impulsion, je l’attr a p e et le retire sans ménagement, avant de le remplacer par ma queue dans un même élan. Je manque peut-être de douceur, parce que je la sens se crisper. Je m’immobilise aussitôt.

– Ca va ?

Elle grogne et crache dans l’oreiller.

– Ne t’arrête SURTOUT pas.

Alors je recommence à la pilonner, aussi rapidement que si j’étais dans son sexe. Je veux qu’elle me sente pendant des jours, qu’elle pense à moi quand elle s’assoit, qu’elle se souvienne de quelle manière elle s’est faite baiser parce que son cul irradie toujours le lendemain. Ses gémissements deviennent plus sonores alors que ma main droite astique son clitoris et, quand elle monte dans les aigus, je me permets de décharger, enfin. Mon poids sur son dos fait flancher ses genoux, et nous nous affalons tous les deux sur la couette, mon visage empêtré dans ses cheveux, le sien caché dans les plumes. Je sens sa respiration reprendre son rythme normal, contre mon torse. Je m’extrais d’elle et couvre son dos de baisers et de légères caresses. Sa respiration se transforme en s a n g lots. Penaud, je me dis que j’y suis allé peut-être un peu fort.

– Eh… tout va bien ?

Elle se redresse et me regarde à travers ses larmes.

– Oh, oui, putain. Ça fait du bien, de se sentir à nouveau femme, à nouveau… désirée.

Je l’embrasse à la lisière des cheveux et la cale contre mon épaule. Quelque part, je m’en veux. De ne pas avoir su le détecter avant, d’avoir cru que son envie d’être mère était plus forte que n’importe quoi d’autre.

– Pardon. Pardon de ne pas t’avoir baisée, ces derniers mois.

Elle essuie ses yeux et renifle.

– Et pardon de n’avoir vu en toi qu’un donneur de sperme. Ce n’est pas ta faute, c’est la nôtre. On ne se laissera plus avoir, c’est tout.

Mon regard se pose sur le plug, que j’ai jeté sur le côté du lit, dans le feu de l’action.

– Promis. N’hésite pas, si tu as d’autres idées comme ça. D’ailleurs, pour continuer à pimenter notre vie sexuelle, ta copine Solène serait d’accord, pour un plan à trois ?

– N’a b u s e pas, Antoine. N’a b u s e pas.

Je souris contre son front. Je sais que, de son côté, elle sourit aussi.

Aurore Baie

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